Irlande & Bretagne : une histoire mêlée entre celtes, moines et légendes
De la chrétienté celtique aux moines navigateurs, de la Grande Famine irlandaise aux paysages jumeaux, l’Irlande et la Bretagne entretiennent une histoire profondément liée, où se mêlent faits historiques et légendes comme celle du moine à l’origine du nom Hillion.
Des racines celtiques communes entre Irlande et Bretagne
L’Irlande et la Bretagne font partie des grandes terres celtiques d’Europe. Bien avant l’arrivée des Romains puis des royaumes médiévaux, ces régions partageaient déjà une culture proche : langues, organisation sociale, mythes et spiritualité tournée vers la nature.
Aujourd’hui encore, les deux régions appartiennent à deux branches sœurs du monde celtique :
- Branche brittonique : breton, gallois, cornique
- Branche gaélique : irlandais, gaélique écossais, mannois
Le breton et l’irlandais partagent des racines communes, des sons proches, et une même musicalité. Pour les Celtes, la mer n’était pas une frontière mais un pont permanent entre frères et sœurs de culture.
La légende du moine à l’origine du nom Hillion
Dans la région de Saint-Brieuc, une tradition orale raconte l’histoire d’un moine venu des îles celtiques, parfois identifié comme irlandais, parfois gallois, qui aurait accosté sur les côtes bretonnes il y a plus de mille ans.
Ce religieux, nommé Illion, Élion ou Iliun, aurait fondé un petit lieu de culte au-dessus de la baie. Sa présence aurait donné naissance au toponyme Hillion, devenu par la suite un patronyme breton transmis de génération en génération.
Comme souvent en Bretagne, un simple ermitage devient un village, puis un nom de famille. La légende montre surtout la profondeur des liens entre la Bretagne et les mondes celtes insulaires.
La Grande Famine irlandaise et la vague migratoire vers la Bretagne
Entre 1845 et 1852, l’Irlande est frappée par la Grande Famine. Le mildiou détruit les cultures de pomme de terre, provoquant une catastrophe humanitaire sans précédent : plus d’un million de morts, et une émigration massive.
Beaucoup d’Irlandais quittent leur île pour l’Angleterre, l’Amérique ou l’Australie, mais une partie transite aussi par la Bretagne, accessible, maritime, et culturellement proche.
Des archives bretonnes évoquent l’arrivée de familles irlandaises dans les ports de :
- Brest
- Lorient
- Saint-Malo
- Morlaix
Certaines y trouvent un travail temporaire, d’autres s’y installent durablement, tissant des liens familiaux entre Irlandais et Bretons. Cet épisode tragique renforce encore les connexions entre les deux rives celtiques.
Ces lieux bretons qui ressemblent à l’Irlande
Falaises abruptes, landes balayées par le vent, océan puissant : certains paysages bretons semblent tout droit sortis de la côte ouest de l’Irlande.
- Côte de Granit Rose : rochers sculptés rappelant le Connemara
- Falaises de Plouha : airs du comté de Clare
- Pointe du Raz : ambiance du Kerry
- Presqu’île de Crozon : cap de la Chèvre et Pointe de Dinan, très Wild Atlantic Way
- Hillion : estran et lumières proches des côtes du Wexford
Les paysages d’Irlande qui évoquent la Bretagne
L’influence s’observe aussi dans l’autre sens : certains panoramas irlandais semblent être les frères jumeaux des côtes bretonnes.
- Connemara : collines et murets qui rappellent les Monts d’Arrée
- Îles d’Aran : austérité et beauté brute façon Ouessant
- Cork & Kerry : petits ports qui rappellent le Morbihan
- Falaises d’Antrim : verticalité proche de Crozon
Deux terres cousines reliées par la mer
De leurs racines celtiques à leurs échanges spirituels, en passant par les migrations et les légendes fondatrices comme celle du moine Illion, l’Irlande et la Bretagne ont tissé une histoire profonde.
Aujourd’hui encore, celui qui aime l’une de ces terres se sent souvent chez lui sur l’autre. La mer n’est pas une frontière : c’est un lien.